Du lundi 1er au mercredi 3 décembre 2025, la ville de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo était l’épicentre d’un échange vital pour la gouvernance des ressources naturelles en République Démocratique du Congo. Sous l’égide du Secrétariat Technique de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE-RDC) et avec l’appui stratégique du COREF/Projet ENCORE, un atelier de trois jours a été organisé à l’Auberge Les Mambos, visant l’Amélioration du Projet de Rapport ITIE-RDC 2023.
Cet événement a rassemblé une mosaïque essentielle de parties prenantes de la province de la Tshopo, incluant la société civile, les Services Étatiques, ainsi que les entreprises et coopératives minières, tous mobilisés pour enrichir le document phare de la transparence extractive nationale.
La première journée a été consacrée à l’immersion des participants dans le cœur du sujet. Caleb Mukadi, Expert Technique à l’ITIE-RDC, a procédé à la présentation détaillée de la version préliminaire (draft) du Rapport ITIE-RDC 2023. Cette session a été immédiatement suivie d’un intense jeu de questions et réponses, permettant aux parties prenantes de clarifier les informations présentées et de poser les premières jalons de l’amélioration. La journée s’est conclue par la structuration des participants en trois groupes de travail distincts, préparant ainsi l’étape collaborative du lendemain.
Le deuxième jour a été consacré aux travaux en carrefour. Les différents groupes, représentant la diversité des parties prenantes, se sont attelés à une relecture critique et constructive du rapport. L’objectif était clair : formuler des propositions d’amélioration substantielles, garantissant que le rapport final soit aussi complet, précis et représentatif que possible. Cette méthode de travail collaborative est un pilier de l’approche ITIE, assurant l’appropriation et la légitimité du document par toutes les composantes de la société.
La dernière journée a été marquée par la restitution des travaux d’amélioration par chaque groupe. Ces présentations ont donné lieu à des échanges enrichissants avec les autres membres des groupes et, surtout, avec l’équipe du Secrétariat Technique de l’ITIE-RDC. Ces dialogues ont permis de consolider les consensus et de hiérarchiser les recommandations clés.
À l’issue de ces assises fructueuses, l’Expert Technique Caleb Mukadi a livré ses impressions et éclairé sur les particularités du rapport 2023 : “Nous avons organisé ces séances pour leur partager la version préliminaire du rapport ITIE-RDC 2023 afin de recueillir leurs améliorations et leurs points de vue sur les informations qui y sont contenues”, a-t-il souligné.
Le rapport de l’exercice 2023 se distingue par son alignement rigoureux sur les nouvelles dispositions de la norme ITIE. Il met un accent fort sur des thématiques d’actualité et d’importance capitale :
– La Transition Énergétique : Abordant les questions liées aux évolutions du marché et à la demande mondiale en minerais stratégiques.
– Le Genre : Une approche plus détaillée de l’impact des industries extractives sur les femmes.
– La Lutte contre la Corruption : Un examen approfondi des mesures et des défis dans ce domaine.
Abordant le bilan des recettes, Caleb Mukadi a mis en lumière une donnée macroéconomique frappante : la baisse des recettes minières et pétrolières du pays entre 2022 et 2023. “Le constat, lorsqu’on compare le rapport 2023 au rapport 2022, il y a quelque chose qui frappe, c’est que les recettes minières et pétrolières du pays ont baissé”, a-t-il affirmé.
Cette diminution, bien que contre-intuitive face à l’augmentation des volumes de production du cuivre et du cobalt, s’explique par la dynamique du marché international : “L’impact de la baisse des cours de matières premières au niveau des marchés internationaux, l’effet prix a emporté sur l’effet quantité”.
L’enthousiasme et le niveau d’engagement des parties prenantes ont été salués par l’Expert Technique : “Nos impressions sont que les parties prenantes étaient très intéressées, elles étaient très concentrées, elles ont participé de manière active et ont formulé des recommandations pertinentes”.
Ces recommandations ne resteront pas lettre morte. L’étape post-Kisangani est cruciale : “Après cet atelier, les parties prenantes vont se réunir encore quelque part dans la République pour pouvoir mettre en commun toutes les améliorations formulées par toutes les parties prenantes des différents pôles et des différentes villes de la République”.
L’objectif ultime est de formuler des recommandations synthétisées qui seront versées à l’Administrateur Indépendant en vue de leur éventuelle prise en compte dans la version définitive du rapport ITIE-RDC 2023.
L’atelier de Kisangani a ainsi réaffirmé l’engagement de la RDC envers la transparence, démontrant que le processus d’amélioration du rapport est un exercice de démocratie participative et une pierre angulaire pour une meilleure gouvernance du secteur extractif.
Jerry Lombo