
Alors que le territoire de Djugu jouit d’une accalmie sécuritaire “relative” après des années de violences dévastatrices, un appel solennel et stratégique est lancé par un notable et fils du terroir, Étienne Dunji Kulupka. Estimant que la paix retrouvée doit être ancrée dans les cœurs et les esprits, il exhorte les différentes églises chrétiennes actives dans la région à devenir les fers de lance de la consolidation de cette stabilité par l’entremise de grandes campagnes d’évangélisation.
Étienne Dunji Kulupka a commencé son adresse par un hommage vibrant à la stabilité sécuritaire qui, bien que fragile, permet aux populations de Djugu d’entrevoir un avenir apaisé. Selon lui, cette embellie n’est pas le fruit du hasard, mais résulte d’une synergie d’efforts :
« Cette stabilité sécuritaire retrouvée ne résulte pas seulement des efforts du gouvernement militaire en place, mais aussi de l’engagement des leaders locaux, dont les religieux ».
Il reconnaît ainsi le rôle crucial joué par les autorités, mais aussi par les communautés de foi qui ont œuvré en coulisses pour apaiser les tensions et prêcher la réconciliation.
C’est sur cette base qu’Étienne Dunji Kulupka fonde son plaidoyer le plus fervent. Il appelle l’ensemble des confessions chrétiennes de Djugu , Catholique, Anglicane, Protestantes (AIC, CECA-20, CE39, etc.) et les Églises de Réveil à s’engager dans une action spirituelle massive pour sceller la paix : « J’exhorte les églises] d’organiser des grandes campagnes d’évangélisation des chrétiens dans les différents coins de Djugu pour accompagner le processus sous la bénédiction de l’Esprit Saint », a-t-il déclaré.
Cet appel est une reconnaissance du pouvoir transformateur de la foi. Dans un territoire meurtri par des conflits intercommunautaires, il est crucial, selon le notable, que les valeurs de pardon, de fraternité et d’amour, intrinsèques au message chrétien, soient diffusées massivement pour décontaminer les esprits de la haine et de la méfiance.
L’évangélisation n’est plus seulement une affaire de salut, mais une stratégie de pacification communautaire.L’appel de Dunji Kulupka ne s’est pas limité à la sphère religieuse. Conscient du rôle à double tranchant des médias dans les périodes de crise, il a adressé un message fort aux radios locales.
Il a invité certaines radios de l’Ituri et de Bunia à faire preuve d’une rigueur déontologique et éthique sans faille :« Il a invité certaines radios de l’Ituri et de Bunia au respect de la déontologie et de l’éthique pour ne pas propager la haine tribale sur un territoire qui retrouve sa stabilité sécuritaire ».
La préservation de la paix passe aussi par la responsabilité de l’information. Un discours médiatique irresponsable ou partial pourrait, en quelques heures, anéantir les efforts de pacification et raviver les flammes des conflits ethniques qui ont coûté la vie à de nombreux civils innocents.
Enfin, le notable de Djugu a élargi son appel au-delà des frontières provinciales, implorant les acteurs majeurs à ne pas relâcher leurs efforts. Il a demandé au Gouvernement Central de Kinshasa et à l’Organisation sous-régionale du Grand Lacs à : Accompagner fermement les processus de paix dans la province de l’Ituri et assurer la pérennité de la stabilité afin que la province, qui a perdu beaucoup des civils innocents, puisse enfin se relever et entamer son développement.
En conclusion, l’exhortation d’Étienne Dunji Kulupka positionne la foi et la morale comme des outils essentiels de la sécurité nationale à Djugu. Il rappelle que la paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais une œuvre continue de l’esprit, de l’information et de l’engagement des autorités à tous les niveaux.
Jonathan Basimaki
