

La nouvelle a fait l’effet d’une déflagration dans les cercles sécuritaires et politiques de l’Ituri. Baraka Amos, connu comme l’un des cerveaux moteurs et chef influent de la sanguinaire milice Zaïre, est décédé tragiquement des suites d’un accident de circulation survenu en Ouganda dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 novembre 2025.
Si la disparition d’un individu suscite habituellement la compassion, celle de ce chef rebelle a provoqué une réaction officielle à la fois solennelle et implacable, le Gouvernement provincial y voyant un signe du destin et un avertissement funeste destiné à tous ceux qui persistent dans la déstabilisation de la province.
Face à cette fin brutale loin de son sol natal, le Lieutenant Jules Ngongo, porte-parole du Gouvernement provincial et conseiller du Gouverneur militaire en charge de la communication, a pris la parole pour adresser un message catégorique aux membres des groupes armés encore actifs.
S’autorisant une référence directe à la parole de Dieu, il a souligné la notion de temps racheté, fustigeant ceux qui ont refusé la main tendue de la paix :“Rachetons le temps, car les jours sont mauvais. Ils n’ont pas voulu racheter le temps, les temps les ont rachetés, parole du Seigneur”, a-t-il rappelé.
Tout en exprimant une compassion de circonstance à l’endroit de la famille biologique de Baraka Amos, le Lieutenant Jules Ngongo a dressé le constat amer d’une opportunité manquée. Il a rappelé les efforts passés, lorsque Baraka Amos avait participé aux dialogues intergroupes armés, notamment lors des assises d’Aru 1 et Aru 2, qui visaient à forger la paix, la sécurité et la cohésion sociale en Ituri.
L’Officiel a ensuite mis en lumière la trajectoire funeste de l’ancien chef rebelle. Selon lui, c’est « la naissance du CRP (Convention pour la Révolution Populaire ) de Thomas Lubanga qui a envoûté Baraka, » le transformant en un membre influent et armé de cette structure. Ce revirement, marquant un retour au projet de la guerre, est pour le porte-parole la cause profonde de sa fin tragique.
Le Lieutenant Jules Ngongo a précisé que la mort de Baraka Amos n’est pas un événement anodin ; c’est un message fort envoyé de manière transcendantale à tous les fauteurs de troubles :“Voilà aujourd’hui, vous mourrez loin de votre famille, vous mourrez loin de vos compatriotes… Nous vous avons toujours dit que de là où vous êtes, on va vous cissé, vous perdez ce que vous avez eu ici, vous allez construire ailleurs, on va vous chasser. Nous le répétons encore, la mort d’Amos Baraka est un message du vin pour tous ceux qui pensent qu’ils sont dans le projet de déstabiliser la province de l’Ituri”.
Le porte-parole du Gouvernement militaire est allé plus loin, évoquant l’impuissance relative des justices humaines face à la fatalité divine. Il a établi un parallèle glaçant entre l’inévitabilité de la justice et la fin du chef Zaïre :”La mort de Baraka Amos, c’est un message du vin ; il ne reste que Thomas Lubanga”, a-t-il conclu.
Cette phrase choc souligne que si les autorités congolaises ou la Justice Internationale (à laquelle Lubanga est déjà confronté) échouaient à neutraliser et à mettre hors d’état de nuire les artisans de la violence, une autre forme de jugement, “La Justice de Dieu”, demeure une certitude inéluctable. C’est l’ultime sommation lancée aux chefs des groupes armés : même l’exil et l’évasion des instruments judiciaires terrestres n’offrent aucune garantie face aux conséquences ultimes.
Il est important de rappeler que Baraka Amos, de son vivant, a été un acteur central des violences qui ont coûté la vie à d’innombrables compatriotes. Les actions de la milice Zaïre qu’il dirigeait ont laissé derrière elles des dizaines d’enfants orphelins, des femmes veuves et ont précipité des familles entières de la richesse à la pauvreté.
La mort de l’homme, en Ouganda, met fin à une cavale, mais ne clôture pas le dossier de l’Ituri. Elle sert d’amer rappel : les choix de la guerre et de la déstabilisation mènent invariablement à une forme de justice, qu’elle soit rendue par les tribunaux, par les autorités militaires, ou, selon les propos de l’Officiel, par une fatalité divine qui rattrape ceux qui ont refusé de racheter le temps pour la paix.
Justin Ndassi
