L’absence d’Ousmane Sonko à la tête de la Primature, en congé indéterminé depuis plusieurs jours, est bien plus qu’une simple pause administrative. En confiant l’intérim à la ministre de la Justice, Yassine Fall, le Premier ministre a déclenché une vague d’interrogations sur la véritable nature de la cohabitation avec le président Bassirou Diomaye Faye.
Les faits suggèrent que cette mise en retrait est une manœuvre stratégique. Officiellement, il s’agit d’une réorganisation politique. Dans les coulisses, cependant, l’atmosphère est lourde, nourrie par les rumeurs persistantes de tensions au sommet de l’Exécutif, un peu moins de deux ans après leur triomphe commun.
Le véritable indicateur des intentions de Sonko réside dans son action préalable : l’organisation d’un gigantesque meeting politique. Une marée humaine qui a servi de caisse de résonance à sa popularité. Cette démonstration de force est une manière de rappeler à la classe politique, y compris à son propre camp, qui détient le véritable capital sympathie dans le pays.
En prenant des congés juste après ce succès populaire, Sonko envoie un message double :
– Au Président Faye : Que sa légitimité populaire reste le pilier du pouvoir en place.
– Aux Adversaires Internes : Que toute tentative d’affaiblissement de sa position se heurtera à sa base.
Ce “congé indéterminé” n’est donc pas un signe de faiblesse, mais un test de puissance. Il oblige l’Exécutif à fonctionner sans son élément moteur, exposant potentiellement les frictions et les lignes de fracture internes que cette absence pourrait révéler. L’avenir de l’alliance entre le président et son Premier ministre se jouera dans les semaines à venir.
Doly Muntu