
A Kombokabo, dans le territoire d’Irumu, c’est un engagement majeur en faveur de la paix, du développement et de la résilience qui a pris forme en Ituri. Le Lieutenant-Général Johnny Luboya N’kashama, Gouverneur militaire et Commandant des opérations en province, a marqué un moment historique ce jeudi 06 novembre 2025.
Au cœur du village de Kombokabo, il a procédé au lancement solennel des travaux de réhabilitation de routes de desserte agricole, un projet colossal destiné à transformer le quotidien de milliers d’habitants dans les territoires meurtris de Djugu et d’Irumu.
Ce programme d’envergure, financé par la Banque Mondiale, fruit d’un intense plaidoyer du Gouvernement congolais et mis en œuvre par l’agence locale STAR-EST, dépasse la simple amélioration d’infrastructures. Il incarne une véritable stratégie de sortie de crise et de relance économique par la base.
La première phase du projet donne le ton : 99 km de routes stratégiques sont immédiatement concernés, avec une répartition équilibrée entre les deux territoires. Djugu bénéficiera de 50 km de voies restaurées, tandis qu’Irumu en comptera 49 km.
Cependant, l’ambition totale, selon le Coordonnateur provincial de STAR-EST, Steve Sengida (dont la coordination est saluée pour sa diligence), est de réhabiliter plus de 375 km de routes dans le cadre de cette initiative.
M. Sengida a souligné l’impact multifacette de ces travaux : “Ce projet est la clé de voûte de notre désenclavement. Il ne s’agit pas uniquement de routes, mais de reconnecter des communautés isolées, de réactiver les circuits de commerce et, surtout, de réduire le coût et le temps de transport des denrées. Il garantit que les produits agricoles de nos cultivateurs parviendront frais et en quantité suffisante aux grands centres de consommation comme Bunia”.
Le désenclavement est en effet la première étape pour stimuler l’offre, réduire la spéculation sur les prix des produits de première nécessité et, in fine, améliorer la sécurité alimentaire de la province.
L’aspect le plus intéressant de ce projet réside sans doute dans son dividende social. L’initiative prévoit la création de près de 3 000 emplois directs et temporaires, ciblant spécifiquement la jeunesse des territoires d’Irumu et de Djugu.
Dans une province où les groupes armés exploitent souvent le désespoir et le manque d’opportunités, l’offre d’un emploi digne et rémunérateur est une stratégie de pacification plus efficace que toute autre. Ces jeunes, qui étaient autrefois des cibles de recrutement, deviennent aujourd’hui des acteurs de la reconstruction de leur propre région.Le Gouverneur militaire, Lieutenant-Général Johnny Luboya N’kashama, l’a rappelé avec émotion, s’adressant directement à la jeunesse :
“Nous voulons que les jeunes qui autrefois s’étaient livrés à des activités négatives, puissent changer de trajectoire, devenir responsables et subvenir aux besoins de leurs familles. Ces 3 000 emplois ne sont pas une simple statistique ; ils sont un appel à l’ordre, à l’engagement civique et à l’édification de l’avenir de l’Ituri. Le relèvement de nos territoires, durement éprouvés, passe par des actions concrètes, pas seulement des mots”.
La cérémonie de lancement à Kombokabo n’était pas qu’une formalité administrative. Elle fut un véritable rassemblement d’unité. Les autorités coutumières, les représentants de la société civile, et les futurs bénéficiaires étaient tous présents, témoignant de l’importance capitale de l’événement.
Pour la population, voir les engins de chantier se mettre en mouvement représente non seulement une promesse tenue par le gouvernement provincial, mais un signe tangible et puissant de la paix retrouvée et de l’engagement des partenaires internationaux, comme la Banque Mondiale, à investir dans un avenir stable pour l’Ituri.
En réhabilitant ces artères vitales, la province ne fait pas que faciliter le transport. Elle tisse à nouveau le lien social et économique entre ses communautés, prouvant que, même après des décennies de conflit, la route de la reconstruction est ouverte, large, et pleine d’espoir. L’Ituri est, plus que jamais, en pleine résilience active.
Justin Ndassi
