Tshopo : colère noire des Médecins, un sit-in devant le Gouvernorat pour le respect des accords de Bibwa

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La capitale de la Tshopo, Kisangani, a été le théâtre d’une mobilisation significative ce lundi 3 novembre 2025. Les médecins de la province, unis sous la bannière de l’Intersyndical du Secteur de la Santé, ont organisé un sit-in retentissant devant le gouvernorat provincial. Les membres des syndicats SYNAMED, SYMECO, SYLIMED et SYPUMECO ont fait bloc pour déposer un mémorandum cinglant, exigeant de l’autorité provinciale qu’elle se fasse le relais de leur indignation auprès du gouvernement central.

L’action coup-de-poing intervient en riposte à ce que les professionnels de santé qualifient d’« indifférence manifeste » du Ministre des Finances, dont les décisions remettent en cause les acquis arrachés de haute lutte dans le cadre des célèbres Accords de Bibwa.

Dans ce mémorandum, l’Intersyndical du Secteur de la Santé de la Tshopo a beau saluer les « efforts fournis par le Gouvernement de la République dans l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des cadres et agents de l’État », leur patience a atteint ses limites.

L’Intersyndical National avait pourtant fait preuve de bonne foi en suspendant le mouvement de grève pour laisser une chance à la négociation et à l’exécution des accords. Cependant, la mise en œuvre de ces engagements par le gouvernement, en particulier le Ministère des Finances, est jugée chaotique et partiale.

Le point de rupture est matérialisé par la lettre N°154/9217/DTMF/ODG/FIN/2025 du 27 octobre 2025 émanant du Ministère des Finances. Ce document a reconduit purement et simplement l’état liquidatif du troisième trimestre (T3) pour la paie du quatrième trimestre (T4) 2025.

Pour les médecins, cette décision est inacceptable. Elle signifie, en clair, que les améliorations de salaires et les différents ajustements convenus ne seront pas pris en compte dans l’immédiat, prolongeant de facto la précarité et le non-respect des promesses faites.

Le sit-in de Kisangani n’est pas un acte isolé. Il fait suite à un mouvement national initié après le sit-in tenu le jeudi 30 octobre 2025 devant le Centre Financier de Kinshasa, resté sans réponse du Ministre des Finances. C’est l’Intersyndical national qui a sonné la mobilisation générale « sur toute l’étendue de la République », trouvant un écho immédiat dans la Tshopo.

Le mémorandum déposé au gouvernorat provincial formule quatre exigences non négociables, visant à rétablir la dignité et les droits des agents de santé :

– Paiement immédiat et effectif des arriérés : La première et la plus pressante des revendications concerne le paiement effectif de la paie complémentaire due pour les mois d’août et de septembre 2025. Les médecins réclament la liquidation immédiate de ces arriérés qui constituent une violation flagrante du calendrier d’exécution des Accords de Bibwa.

– L’intégration à la paie ordinaire : Pour assurer une solution durable et éviter de futures crises, les syndicats exigent que cette paie complémentaire soit définitivement intégrée à la paie ordinaire du premier trimestre 2026 (T1). Une telle intégration garantirait la stabilisation des revenus des professionnels de la santé.

– Effet rétroactif pour les comptes gelés : Un nombre important d’agents du secteur de la santé ont vu leurs comptes bancaires gelés en avril 2025. Les syndicats réclament que ces agents soient payés avec effet rétroactif, de manière à réparer le préjudice financier subi sur plusieurs mois.

– Respect global de tous les engagements : Enfin, les organisations syndicales demandent solennellement le respect de tous les autres engagements pris dans le cadre des accords signés entre le Banc Syndical et le Banc Gouvernemental. Il s’agit d’une exigence de bonne gouvernance et de crédibilité de l’État.

La détermination affichée par les médecins de Kisangani symbolise l’exaspération qui gagne l’ensemble du corps médical national. En pleine période de défis sanitaires, cette crise sociale met en lumière la fragilité du dialogue social et l’urgence de mesures concrètes pour honorer la dette de la République envers ses serviteurs de première ligne. Si le gouvernement ne répond pas rapidement et favorablement, la menace d’un arrêt de travail généralisé pèse de nouveau sur le secteur de la santé, au détriment de la population congolaise.

Jerry Lombo


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