
La situation à la frontière entre la République Démocratique du Congo (RDC) et l’Angola, particulièrement au poste de Kamako dans le territoire de Tshikapa, est devenue un point focal de préoccupation sécuritaire et humanitaire. Alors que des vagues de rapatriements forcés de citoyens congolais depuis le territoire angolais se multiplient, le Gouvernement provincial du Kasaï a réagi par une visite officielle de haut niveau.
Le jeudi 29 octobre 2025, le Ministre Provincial de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, Peter Tshiswaka, a effectué un déplacement significatif à cette zone frontalière névralgique. Porteur de la mission de la plus haute autorité provinciale, le Gouverneur Me Crispin Mukendi, cette visite visait à évaluer de visu l’ampleur de la crise et à apporter un soutien direct aux personnes affectées par ces refoulements massifs.
L’arrivée de Péter Tshiswaka, encadré par une délégation de hauts responsables de la sécurité provinciale, souligne la gravité de la situation. Le flux constant de rapatriés exige une coordination logistique et sécuritaire sans faille. Selon nos sources, l’un des axes majeurs de cette mission était de fortifier le moral des victimes de ces expulsions et, dans le même temps, d’encourager et de réarmer psychologiquement les services commis à la frontière.
La priorité absolue sur place est double : gérer l’afflux humain tout en garantissant la souveraineté nationale. Peter Tshiswaka a insisté sur la nécessité d’une identification rigoureuse de toutes les personnes traversant la frontière depuis l’Angola. Cet impératif vise explicitement à éviter toute infiltration d’éléments indésirables ou de menaces sécuritaires potentielles sous le couvert du retour des citoyens. Dans un contexte régional parfois tendu, la vigilance est de mise pour distinguer le rapatrié légitime du potentiel élément subversif.
Témoin direct de la détresse des familles séparées et des individus désorientés par le rapatriement, le Ministre Tshiswaka a lancé un appel vibrant à la cohésion et à la responsabilité citoyenne. Il a exhorté chaque personne de retour à « regagner leurs familles respectives » dans l’attente d’une stabilisation de leur situation.
Toutefois, le Ministre a fait preuve d’empathie face à la réalité complexe de ces retours : de nombreux Congolais, ayant parfois vécu de longues années en Angola, n’ont plus de foyer ou de réseau familial établi sur place. Face à cette frange de la population particulièrement vulnérable, Peter Tshiswaka a été catégorique : « Pour ceux qui n’ont pas de référence, nous nous mobilisons pour une solution » . Cette déclaration laisse présager la mise en place prochaine de structures d’accueil temporaire ou de programmes d’assistance pour les cas sociaux les plus ardus.
Au-delà des questions sécuritaires et administratives, l’aspect humanitaire a reçu une attention toute particulière. Consciente des conditions précaires dans lesquelles ces refoulements s’opèrent souvent, la délégation provinciale a acheminé un lot important de médicaments.
Ce geste concret vise à permettre aux équipes médicales déjà déployées à la frontière d’assurer une « bonne prise en charge des victimes ». Qu’il s’agisse de soins liés à la fatigue du voyage, à la malnutrition ou à des affections contractées en chemin, l’arrivée de ce stock de médicaments est une bouffée d’oxygène essentielle pour le personnel soignant sur le terrain.
Cette mission ministérielle marque une étape importante dans la gestion de cette crise frontalière. Elle démontre la volonté du Gouvernement provincial du Kasaï de ne pas laisser ses administrés à la merci des événements, en conjuguant fermeté sécuritaire et solidarité humaine face à un afflux migratoire forcé. Les yeux sont désormais tournés vers les actions concrètes qui suivront cette visite pour apporter une solution durable à cette situation à Kamako.
Doly Muntu
