
Dans une interview accordée à la presse ce lundi 25 août 2025, Bahelani Komoy, Chef de Division Provinciale de la Décentralisation et Réformes Institutionnelles de la Tshopo, a exprimé son indignation face à la situation alarmante des responsables des entités territoriales décentralisées dans le territoire de Banalia. De retour d’une mission sur le terrain, il a dressé un constat accablant de l’absence de ces dirigeants, qui avaient pourtant l’obligation de se former pour mieux gérer leurs entités respectives.
“Je reviens d’une mission de Banalia, et je suis atterré de constater que tous les chefs des entités territoriales décentralisées ne sont pas à leurs postes de travail. Alors que cette mission était cruciale pour leur formation, sur les cinq entités, un seul chef de secteur était présent, et il était malade. Les quatre autres étaient absents, laissant leurs postes vacants. Comment peut-on espérer gérer efficacement nos entités dans une telle désorganisation ?” s’est-il exclamé, visiblement touché par cette situation.
Cette absence, selon Komoy, ne fait pas que nuire au bon fonctionnement des administrations locales, mais elle compromet également le soutien attendu par le gouverneur de province, Paulin Lendongolia. “Cela, c’est tuer la province. Ils n’aident pas le gouverneur et, de ce fait, comment peuvent-ils rendre un rapport exact sur la situation de leurs entités ? Nos entités n’évoluent pas avec cette manière de gérer”, a-t-il ajouté avec un air de désespoir.
Loin de s’arrêter là, Bahelani Komoy a mis en lumière une réalité troublante : certains responsables préfèrent rester à Kisangani, abandonnant leurs postes sous prétexte d’attendre la rétrocession, tout en demandant à leurs secrétaires administratifs de transférer les fonds qu’ils perçoivent à leurs propres besoins. “L’argent de l’État ne sert à rien pour le travail, mais uniquement pour leurs intérêts personnels”, a-t-il dénoncé.
Sa mission, qui devait durer du 12 au 15 août 2025, avait pour objectif de former tous les animateurs des entités territoriales décentralisées, accompagnés de leurs secrétaires administratifs et quelques chefs de groupements. Cependant, sur le terrain, le résultat a été décevant : “Nous n’avons reçu qu’un chef de groupement par entité, et au lieu de réaliser la formation sur trois jours, nous l’avons compressée en deux jours. C’est inacceptable”, a-t-il déclaré.
Bahelani Komoy a également exigé des mesures concrètes : “Je demande au ministre de l’Intérieur, en charge des entités territoriales décentralisées, de publier un communiqué pour que tous les chefs de secteurs présents à Kisangani regagnent immédiatement leurs postes. En cas de défaut, des sanctions doivent être envisagées. Comment peuvent-ils abandonner la population alors qu’ils sont censés assurer l’itinérance dans leurs entités ?”.
Il a enfin révélé que certains responsables avaient même osé contester l’ordre de mission signé par le gouverneur, insinuant qu’il avait falsifié sa signature. “Ils avaient pourtant reçu les invitations et le programme avant mon départ de Kisangani. C’est un sabotage inacceptable qui ne peut être toléré”, a-t-il conclu, laissant transparaître une profonde frustration pour l’avenir de la décentralisation dans la province.
À travers ces mots, Bahelani Komoy ne fait pas que dénoncer une inertie administrative ; il appelle à une prise de conscience collective et à une mobilisation autour d’un enjeu crucial pour le développement local. La décentralisation, loin d’être un simple mot, doit se traduire par des actions concrètes et un engagement indéfectible de la part de tous les acteurs concernés.
Jerry Lombo
