
La pérennité de la politique vaccinale en République Démocratique du Congo repose de plus en plus sur l’autofinancement national. Confronté à la baisse sensible des appuis des partenaires extérieurs, le Réseau des Parlementaires Congolais Acquis à la Vaccination (REPACAV) est en mission d’évaluation à Kisangani. En prélude à une journée de plaidoyer politique décisive, cette structure a organisé un briefing de presse ciblé ce jeudi 4 décembre 2025, invitant les médias à devenir les porte-voix de cette cause vitale.
Accompagné des équipes du Programme Élargi de Vaccination (PEV) et de l’ONG partenaire SANRU, l’honorable Jacques Titako du REPACAV, a expliqué aux journalistes la raison profonde de leur présence : l’évaluation du niveau d’engagement de décaissement des provinces en faveur de la vaccination.
Au cœur de cette démarche se trouve un engagement pris par les autorités provinciales elles-mêmes. L’honorable Titako a rappelé l’acte fondateur : “Les gouvernements provinciaux ainsi que les présidents des Assemblées Provinciales avaient signé, autour du Chef de l’État, Félix Tshisekedi, ce qu’on appelle la “Déclaration de Kinshasa”. Cette déclaration exigeait que les gouvernements provinciaux mettent la main dans la poche pour financer à la hauteur de 1 dollar pour chaque enfant de la province”.

La Tshopo, ayant souscrit à cet engagement, est désormais sous le feu des projecteurs. La mission du REPACAV est de vérifier si ces promesses se sont traduites en allocations budgétaires et en décaissements effectifs pour l’exercice 2025.
L’urgence d’une telle évaluation n’a jamais été aussi forte. L’honorable Titako a insisté sur le contexte global, marquant un tournant pour la politique de santé publique en RDC : “Depuis un certain temps, le financement des partenaires extérieurs commence à diminuer sensiblement. Mais nous, au niveau du gouvernement, nous devons maintenant mettre la main dans la patte pour essayer de prendre ça comme une priorité, une priorité de priorité, pour financer notre propre programme de vaccination de nos enfants”.
Le REPACAV, créé initialement au niveau de l’Assemblée Nationale pour appuyer le PEV dans la sensibilisation, s’étend désormais dans les provinces. Le but est de créer une synergie d’action entre les élus nationaux et provinciaux afin de sensibiliser les décideurs politiques locaux à l’importance vitale de faire de la vaccination une ligne budgétaire non négociable.
L’évaluation menée par le REPACAV a permis de saluer des progrès notables dans la province de la Tshopo, démontrant une volonté politique sur le plan législatif :
– Installation du REPACAV Provincial : Le réseau a été officiellement établi au sein de l’Assemblée Provinciale de la Tshopo, assurant un relais permanent du plaidoyer au niveau local.
– Élaboration d’un Cadre Légal : L’Assemblée Provinciale de la Tshopo a déjà élaboré un édit portant sur le financement de la vaccination.

Cependant, un pas crucial reste à franchir pour rendre cet édit effectif. L’Honorable Titako a pointé le maillon faible : « Il ne reste plus qu’à être promulgué par le gouverneur de la province. C’est ce qui reste à faire ». Le cœur de l’évaluation à venir sera la vérification du degré d’engagement financier : « La province avait souscrit à la hauteur d’un montant qu’elle devrait payer pour 2025. Nous saurons auprès des autorités provinciales dans le jour à venir si le degré d’engagement a été fait ou pas ».
L’organisation de ce briefing de presse visait à mobiliser les journalistes comme amplificateurs de ce message de santé publique. Le représentant du REPACAV a clairement défini les attentes envers la quatrième pouvoir : “Nous demandons que la presse s’approprie ce programme de vaccination. Vous êtes là pour vulgariser des bonnes pratiques et de manière à ce que nous puissions inciter la population à adhérer massivement à faire vacciner nos enfants. Parce que vacciner un enfant, c’est l’aimer, vacciner un enfant, c’est le protéger. Si on ne protège pas nos enfants, demain on risque d’avoir des maladies qui sont évitables par la vaccination”.
Le message est univoque : si la Tshopo fait partie de la vingtaine de provinces ayant déjà installé le REPACAV et élaboré des édits, l’effort de financement n’est pas uniforme à travers le pays. La mission est donc de pousser la Tshopo à l’excellence. “Nous demandons à ce que la province de la Tshopo puisse améliorer ce qu’elle donne déjà. Elle n’est pas nulle non plus, mais elle est quelque part. Mais nous demandons que cette province puisse améliorer ce qu’elle donne pour la vaccination”, a conclu l’Honorable Titako.
L’enjeu est de taille : il s’agit de transformer un engagement politique en un investissement qui sauvera des milliers de vies. L’issue du plaidoyer politique prévu ce vendredi 5 décembre 2025 déterminera l’avenir immédiat du financement vaccinal dans la province de la Tshopo.
Jerry Lombo
