
Un vent de discorde souffle sur l’Assemblée provinciale du Kasaï, où la succession temporaire du député et désormais Ministre provincial de l’Agriculture, Jacob Pembelongo (élu de Mweka), est au cœur d’un bras de fer politique inattendu. Le processus de validation du mandat de son remplaçant, qui devrait être une simple formalité légale, est bloqué par le ministre lui-même, soulevant de sérieuses questions sur le respect des lois de la République.
Le Ministre Pembelongo s’oppose catégoriquement à l’entrée en fonction de son premier suppléant, celui que la loi place pourtant en tête de la liste de succession.
Selon des sources internes à l’hémicycle, le motif avancé par Jacob Pembelongo est purement politique : il accuse le premier suppléant de ne pas l’avoir soutenu durant la dernière campagne électorale. En conséquence, le ministre fait pression pour que ce soit son deuxième suppléant qui soit validé et siège à l’Assemblée.
Cette démarche est en flagrante contradiction avec les dispositions légales en République Démocratique du Congo, où le remplacement d’un élu empêché suit un ordre strict et non négociable tel qu’établi par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). L’élu n’a aucun droit de regard ou de veto sur la personne qui le remplace, car le mandat appartient à la circonscription et non au titulaire.La plénière tenue ce vendredi 21 novembre 2025 a cristallisé la tension. Le débat, décrit comme « houleux », a mis en lumière une division profonde et surprenante au sein des élus provinciaux.
Sur les 24 députés présents, seuls cinq ont courageusement voté en faveur de la validation du mandat du premier suppléant, se rangeant du côté de la légalité. Une majorité écrasante, soit 19 députés, a préféré s’aligner sur la position défendue par le Ministre Pembelongo, refusant ainsi d’honorer l’ordre légal de succession.
Ce blocage intentionnel et le vote de la majorité des députés créent un précédent dangereux au Kasaï. L’Assemblée provinciale est supposée être la gardienne de la loi ; son choix de faire prévaloir une querelle politique sur le droit électoral met en péril sa crédibilité institutionnelle.
L’affaire pourrait désormais être portée devant la justice administrative pour violation des procédures de succession. En cas de saisine, la juridiction compétente pourrait annuler la décision de l’Assemblée et imposer le respect de l’ordre des suppléants, rappelant ainsi les élus à l’ordre de la République.En attendant, la circonscription de Mweka reste partiellement sous-représentée, victime d’un conflit d’intérêts et de loyautés politiques au plus haut niveau de la province.
Doly Muntu
