
Le paysage politique de la Tshopo est secoué par une affaire judiciaire de grande ampleur. Le Procureur Général près la Cour de Cassation a officiellement sollicité l’ouverture d’une instruction contre Mateus Kanga, l’actuel président de l’Assemblée provinciale, pour des accusations de détournement de fonds publics. Cette démarche, aux répercussions potentiellement majeures, met en lumière les tensions persistantes autour de la gestion financière dans la province.
Les poursuites judiciaires s’appuient sur deux plaintes distinctes déposées contre Mateus Kanga, visant à la fois la gestion des deniers publics et celle de fonds destinés aux victimes de guerre.
– Détournement de Fonds Publics : Une première plainte dénonce un détournement présumé de 200.000 dollars.
– Gestion du FRIVAO : La seconde plainte porte sur la gestion controversée des fonds du FRIVAO (Fonds de Réparation et d’Indemnisation aux Victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC). C’est sur cette affaire que l’attention de la société civile était déjà focalisée. Les accusations proviennent nommément de Lambert Kankolongo Kadima et de Yangambi Tshikwanine Chadrack.
Le FRIVAO est un fonds essentiel, mis en place pour indemniser les victimes des activités illicites de l’Ouganda sur le territoire congolais. Sa gestion est un sujet extrêmement sensible, notamment dans la Tshopo où se trouve Kisangani, ville particulièrement affectée par les guerres dites de « six jours ».
L’affaire Mateus Kanga s’inscrit dans un contexte où la gestion de ce fonds a déjà été mise en cause par plusieurs acteurs. Des organisations de la société civile, parmi lesquelles des membres de la Fondation Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo (FOFAT), avaient déjà saisi la Cour de Cassation pour dénoncer un détournement présumé de 100.000 dollars issus du FRIVAO. Ces dénonciations antérieures renforcent la gravité des nouvelles charges qui pèsent sur le président de l’Assemblée provinciale.
Pour que les poursuites puissent effectivement être engagées, le Parquet est tenu de respecter la procédure judiciaire congolaise qui régit la situation des parlementaires.

Conformément aux articles 145 à 148 du Code pénal congolais, le Procureur Général doit obligatoirement obtenir l’autorisation de l’Assemblée provinciale elle-même. Cette étape est cruciale, car elle vise à lever l’immunité parlementaire dont bénéficie Mateus Kanga en sa qualité de président de l’organe délibérant provincial. Le sort de l’instruction repose donc, dans un premier temps, sur la volonté des députés provinciaux de permettre à la justice de faire son travail.
L’ouverture de cette instruction intervient dans un climat politique déjà extrêmement tendu au sein de la province de la Tshopo. Cette procédure judiciaire n’est pas qu’une simple affaire pénale ; elle est le symptôme des tensions persistantes entre les différentes autorités locales et la société civile, qui se montre de plus en plus vigilante. Le sort de Mateus Kanga et la décision de l’Assemblée provinciale auront des répercussions importantes sur la stabilité institutionnelle de la province.
Elle réaffirme, par ailleurs, que la lutte contre la corruption demeure un enjeu majeur en République démocratique du Congo. L’issue de cette affaire pourrait servir de précédent et indiquer la détermination des autorités judiciaires à ne pas tolérer l’impunité, même pour les plus hauts responsables politiques locaux. L’opinion publique attend désormais de voir si le principe de l’immunité sera un bouclier ou si la quête de la vérité primera.
Dossier à suivre !
Jerry Lombo
