
Une vive tension a éclaté sur la route Mapendano, dans la commune de Makiso à Kisangani, plus précisément au niveau du quartier des Musiciens, juste devant l’auberge Les Mambos. L’entreprise Safrimex, chargée de la réhabilitation de la voirie urbaine sur cet axe, se retrouve au cœur d’une fronde inattendue menée par les conducteurs de moto-taxis, souvent appelés motards, qui dénoncent l’exécution des travaux et ses potentielles conséquences sécuritaires.
Le cœur du litige réside dans le mode de subdivision de la route mis en œuvre par Safrimex. Dans le cadre de la modernisation et de la sécurisation des infrastructures, l’entreprise procède à l’aménagement d’un espace dédié aux piétons (trottoirs). Si l’initiative est louable pour la sécurité des marcheurs, elle est perçue comme un danger imminent par les motards.
Selon les conducteurs, la création de ces trottoirs, bien que conforme aux normes modernes de construction routière observées sur d’autres axes réhabilités de la ville, a pour effet direct de rétrécir considérablement l’espace alloué au passage des engins roulants.
“En créant l’espace des piétons, l’entreprise rétrécit la route pour le passage des engins roulants, ce qui pourra créer des accidents et autres, » s’inquiète un motard sur place, faisant écho à la préoccupation générale de ses collègues”.

Pour ces usagers, qui représentent une part essentielle du transport urbain à Kisangani, la chaussée restante ne serait plus en mesure d’absorber le flux de circulation habituel, augmentant de manière critique le risque d’accidents et d’encombrements, particulièrement dans cette zone très fréquentée de la commune Makiso et surtout lors de la sortie des élèves à l’école.
Face à ce qu’ils considèrent comme une menace directe à leur sécurité et à leur activité professionnelle, les motards ont exprimé leur mécontentement de la manière la plus directe : en descendant sur le chantier. Ils ont carrément contraint les équipes de Safrimex à arrêter momentanément les travaux, cherchant à obtenir une modification immédiate des plans d’exécution. La tension est montée d’un cran, donnant lieu à des échanges houleux entre les conducteurs et l’Ingénieur chef des travaux.

Si l’intervention policière a permis la reprise avec quiétude des travaux, elle n’a pas réglé le problème de fond. Les motards maintiennent leur position et appellent désormais les autorités provinciales compétentes à venir constater la situation
Malgré l’intervention des motards, l’entreprise Safrimex a finalement poursuivi ses travaux, signe que le cahier des charges et les plans techniques semblent être maintenus. Cette poursuite des travaux, malgré l’opposition locale, maintient le bras de fer.
Les motards lancent désormais un appel pressant aux autorités provinciales des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction (ITPR) pour qu’elles viennent se rendre compte de la situation sur le terrain. Ils espèrent qu’une inspection de visu pourra confirmer leurs craintes et amener à une révision des dimensions de la chaussée au profit d’une circulation plus fluide et plus sûre.
Cette mini-crise souligne la difficulté des projets d’infrastructures urbaines à concilier modernisation et réalité locale. Les travaux de réhabilitation de la voirie à Kisangani, souvent salués comme faisant partie du vaste programme présidentiel de construction, visent à doter la ville d’axes routiers durables, incluant trottoirs, assainissement et éclairage public.
Toutefois, la densification du trafic, notamment des moto-taxis, et la configuration historique des voies urbaines rendent tout changement structurel sujet à controverse. L’équilibre à trouver se situe entre le respect des normes internationales de sécurité (qui imposent les trottoirs) et les besoins opérationnels des usagers locaux (qui exigent une voie de circulation suffisante).
La balle est désormais dans le camp des autorités provinciales, qui devront rapidement intercéder pour dénouer cette situation et éviter que cette tension locale ne dégénère en un blocage plus important du chantier.
Jerry Lombo


