
A Kinshasa, capitale de RDC, le quotidien des habitants de la capitale congolaise est rythmé par une anxiété nouvelle : la gestion des devises. Alors que la Banque Centrale du Congo (BCC) affiche un taux officiel qui tente de maintenir une certaine stabilité, le marché parallèle, véritable baromètre de la rue, révèle une crise de confiance aiguë. L’information qui circule ce lundi 13 octobre est alarmante : le taux de change non officiel a atteint le seuil critique de « 1800 Francs Congolais (FC) pour un Dollar Américain (USD) ».
Ce chiffre n’est pas qu’une simple donnée économique ; il est un facteur direct d’appauvrissement pour des milliers de familles.
La dictature du taux parallèle
La dépréciation observée du dollar, paradoxalement, ne profite pas au consommateur kinois. Au contraire, elle crée une friction majeure sur le marché. De nombreux petits commerçants, qui se méfient de la volatilité du Franc Congolais, refusent catégoriquement les « verts » (billets américains).
« Si vous voulez acheter votre manioc ou votre poisson, vous devez d’abord aller trouver un « changeur » qui acceptera votre dollar, et il vous le prendra à son propre taux », explique un acheteur habituel du marché de la Liberté. Ce taux, bien en deçà des attentes des cambistes eux-mêmes, force les détenteurs de dollars à accepter des pertes importantes juste pour obtenir la monnaie locale nécessaire aux transactions quotidiennes.
L’effet domino sur les prix
Le véritable malaise réside dans l’incertitude. Lorsqu’un commerçant doit convertir des dollars en FC pour payer ses fournisseurs (souvent en dollars) ou pour couvrir des coûts d’achat qui varient d’heure en heure, il répercute immédiatement ce risque sur le prix final.Même si le dollar se déprécie nominalement, le prix des biens de première nécessité libellés en FC monte en flèche, car les vendeurs se protègent contre la prochaine fluctuation. Détenir des dollars devient, comme le décrivent les Kinois, une situation de naufragé : une richesse théorique qui ne peut être échangée correctement au moment où l’on en a le plus besoin.
Tant que les autorités ne parviendront pas à aligner la confiance du marché avec les taux officiels, Kinshasa continuera de subir les secousses brutales d’une économie où la monnaie la plus stable est perçue comme la plus difficile à utiliser.
Doly Muntu