Tshopo : la 11e table-ronde sur la foresterie communautaire dévoile les défis de la forêt congolaise

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Ce mardi 30 septembre 2025 à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, la 11e Table Ronde sur la Foresterie Communautaire a levé le voile sur un paysage complexe, où l’espoir d’une gestion locale durable se heurte à des défis tenaces. Plus qu’une simple rencontre, cet événement, orchestré par Tropenbos RDC avec le soutien de Tenure Facility, est un cri d’alarme et un appel à l’action pour les gardiens de la plus grande forêt tropicale du bassin du Congo.

Les concessions forestières communautaires (CFCL) : une réalité en expansion, mais fragile

Depuis 2014, la RDC s’est engagée sur la voie des CFCL, octroyant à ce jour 249 concessions couvrant plus de 5,1 millions d’hectares dans 15 provinces. Ici, dans la Tshopo, 14 concessions s’étendent sur près de 400 000 hectares, avec une trentaine d’autres dossiers en attente. Le vice-gouverneur Didier Lomoyo Iteku a d’ailleurs promis l’appropriation des recommandations par le gouvernement provincial, reconnaissant le rôle vital de ces concessions pour le développement local et la lutte contre la pauvreté.

Au-delà des chiffres : un dialogue essentiel pour l’innovation

Cette table ronde sera le théâtre d’un dialogue intense. Les représentants des communautés locales et peuples autochtones, venus des confins du Nord-Kivu, de Kinshasa, du Bas-Uélé et de la Tshopo, échangent leurs expériences. Au menu : décortiquer le cadre légal, affiner les procédures d’attribution et d’exploitation, cartographier les avancées provinciales, débloquer le financement, désamorcer les conflits fonciers et explorer le potentiel des marchés carbone. L’objectif ? Innover, apprendre et surtout, bâtir des modèles d’accompagnement qui donnent réellement le pouvoir aux communautés.

Les ombres au tableau : Des obstacles systémiques qui pèsent lourd

Pourtant, l’enthousiasme initial laisse place à la lucidité face aux obstacles. La lenteur administrative paralyse les dossiers. Le manque criant de moyens techniques, logistiques et financiers handicapent le suivi et le contrôle. L’influence néfaste de certaines personnalités sape la transparence. Les conflits fonciers intercommunautaires, exacerbés par une délimitation floue des terroirs, persistent. La compétition pour l’espace, avec l’attribution massive de concessions industrielles, grignote les zones forestières communautaires. Et la collaboration entre les parties prenantes reste souvent déficiente, sans parler de l’exploitation minière incontrôlée.

Un appel à l’action collective pour sauvegarder le patrimoine vert

Face à ces défis, l’union fait la force. Le partenariat s’élargit : le CAGDFT, le Réseau Ressources Naturelles (RRN), le Ministère de l’Environnement, et des soutiens de poids comme Tenure Facility, Rainforest Foundation UK (RFUK) et Rainforest Foundation Norway (RFN). Dans un monde où la pression sur les forêts s’intensifie, cette table ronde est une bouée de sauvetage. Elle est l’occasion de réinventer les stratégies d’appui aux communautés, ces sentinelles de la biodiversité congolaise.

L’avenir de ces forêts, et par extension, celui de la biodiversité congolaise et du climat mondial, ne dépend plus seulement de la signature de décrets ou de l’attribution de terres. Il repose désormais sur la volonté politique inébranlable, une gouvernance locale transparente et efficace, et surtout, sur un soutien durable et concret aux populations qui font vivre et protègent ces trésors verts. Kisangani a sonné le glas des bonnes intentions ; il est temps de passer aux actes, avant que le murmure de la forêt ne se taise à jamais.

Rédaction


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