

Lu devant le président de l’Assemblée Provinciale, Dr Mateus Kanga à quelques minutes de l’ouverture de la session parlementaire de septembre 2025, le mémorandum de la Synergie des Mouvements de la Tshopo expose avec force les inquiétudes profondes des Tshopolais face à une gouvernance jugée défaillante et une dilapidation flagrante des fonds publics.
Un appel à l’action face aux souffrances multisectorielles
Les représentants de la Synergie des Mouvements, s’adressant directement aux Députés provinciaux fraîchement revenus de leurs vacances, ont peint un tableau sombre de la situation actuelle de la province de la Tshopo. Sur le plan sécuritaire, la province est sous la double menace des M23 dans les zones voisines et des ADF qui se rapprochent du territoire de Bafwasende. Pendant ce temps, l’action gouvernementale est qualifiée de “voyages improductifs et parfois jouissifs” du Gouverneur de Province Paulin Lendongolia hors de la province.


La crise socio-économique n’est pas en reste. L’inflation galopante et l’instabilité des prix des produits de première nécessité érodent le pouvoir d’achat de la population. La dégradation continue des routes de desserte agricole aggrave la situation, déconnectant les zones de production des centres de consommation et alimentant la flambée des prix des denrées alimentaires, malgré le potentiel agropastoral de la province. Les pénuries d’eau potable à Kisangani et les délestages électriques intempestifs témoignent, par ailleurs, du faible accès aux services sociaux de base.
Des accusations de surfacturation et de mauvaise gestion
Face à ces défis brûlants, le mémorandum dénonce une “dilapidation sans précédent des fonds publics” par le gouvernement provincial. La Synergie des Mouvements met en lumière plusieurs faits marquants :
– RN4 (PK 267)-AVAKUBI : La réhabilitation de seulement 11 km de route en terre battue aurait coûté plus de 2 milliards de francs congolais (environ 700 000 $), soit plus de 63 000 $/km, un montant jugé excessif comparé aux standards du marché (23 000 $ à 25 000 $/km).
– Concert Budgétivore : L’organisation d’un double concert de l’artiste REBO CHULO est qualifiée d’inutilement festive et de budgétivore, alors que Kisangani souffre de pénuries d’eau et d’électricité.
– Acquisition de Véhicules : L’achat de deux minibus Toyota HIACE à 50 000 $ (25 000 $/minibus) et d’un Toyota Land Cruiser Prado TXL à 65 000 $ est pointé du doigt, les prix étant considérés comme largement supérieurs aux tarifs du marché (entre 2 600 $ et 7 000 $ pour les minibus, et moins de 42 000 $ pour le Prado).
– Fonds d’Appui National : La gestion des 1 217 478,91 $ reçus du gouvernement national pour le 60ème anniversaire de la Bienheureuse Anualite Nengapeta est également remise en question, notamment les 500 000 $ prétendument affectés à la gouvernance sécuritaire alors que la situation sur le terrain se dégrade.


Un appel au devoir des députés provinciaux
La Synergie des Mouvements exhorte les Députés provinciaux, et en particulier le Président de l’Assemblée provinciale, à “briser leur silence” et à user de leur pouvoir de contrôle. L’organisation demande une enquête approfondie sur ces dossiers et la détermination des responsabilités politiques.
Le mémorandum prévient que, faute d’action de la part des élus, la synergie se réserve le droit de saisir les instances de contrôle et les juridictions judiciaires pour enquêter sur ces scandales de malversation financière. L’organisation souligne que ce mutisme pourrait faire passer l’Assemblée provinciale pour une caisse de résonance ou une complice du malheur du peuple.
Consciente de l’engagement patriotique des députés, la Synergie des Mouvements espère une suite favorable à sa requête et maintient sa mobilisation pour le suivi de cette affaire cruciale pour l’avenir de la Tshopo.
Jerry Lombo