
La République Démocratique du Congo observe avec intérêt la récente intervention de la Banque Centrale du Congo (BCC) sur le marché des changes. Une action qui semble porter ses fruits, comme le souligne l’économiste monétaire Blanchard Ifele Bokungu. En injectant des dollars américains, la BCC a réussi à faire reculer le taux de change, passant de 2,850 CDF pour 1 USD le 18 août 2025 à 2,750 CDF le 21 septembre 2025. Cette démarche, loin d’être anodine, répond à un double objectif : stabiliser la monnaie nationale, le franc congolais (CDF), et renforcer la lutte contre le blanchiment de capitaux en encourageant les transactions via le circuit bancaire.
L’économiste monétaire Blanchard Ifele Bokungu explique que cette injection de devises étrangères a directement augmenté l’offre de dollars sur le marché. Ce désengorgement a permis de relâcher la pression sur le CDF, entraînant une baisse notable du taux de change. “L’effet observé est une conséquence directe et positive de cette intervention”, affirme-t-il. Cette mesure montre que la BCC est capable d’agir de manière décisive pour maintenir une certaine stabilité, un élément essentiel pour la confiance des acteurs économiques, qu’il s’agisse des citoyens, des entreprises locales ou des investisseurs étrangers. La lutte contre le blanchiment, en parallèle, renforce la transparence et la sécurité des transactions financières.
Si l’intervention de la BCC est une réussite à court terme, Blanchard Ifele Bokungu insiste sur la nécessité d’une vision à moyen et long terme pour garantir une stabilité durable du taux de change. Il avance plusieurs propositions concrètes pour y parvenir :
1. Diversifier les sources de devises : L’économiste met l’accent sur l’importance de ne pas dépendre uniquement des ventes de dollars par la BCC. Il est primordial d’encourager activement les exportations, notamment dans les secteurs minier et agricole, pour générer un afflux de devises étrangères plus naturel et continu.
2. Renforcer la gouvernance économique : Bokungu souligne que la lutte contre la corruption et l’amélioration de la transparence sont cruciales pour rassurer les investisseurs étrangers. Des politiques fiscales et monétaires claires et prévisibles attirent les capitaux et limitent la spéculation.
3. Booster la production locale : Réduire la dépendance aux importations en encourageant la production nationale est une autre piste essentielle. Moins d’importations signifie une demande moindre de dollars américains, ce qui allège naturellement la pression sur le CDF.
4. Contrôler les flux de capitaux : La BCC pourrait envisager des mécanismes de contrôle plus stricts sur les sorties de devises, surtout en période de forte volatilité, pour éviter des sorties massives et soudaines.
5. Communiquer avec transparence : Une communication claire et régulière de la BCC sur ses actions et ses intentions est vitale pour gérer les attentes du marché et prévenir les paniques qui pourraient déstabiliser le taux de change.
6. Soutenir le secteur bancaire : Continuer à travailler avec les banques commerciales pour faciliter les transactions et assurer la disponibilité des devises pour les besoins économiques légitimes est également un point clé.
7. Maîtriser le déficit budgétaire : Un déficit budgétaire important peut affaiblir la monnaie. L’adoption de politiques budgétaires saines, limitant les emprunts et les dépenses non essentielles, est donc recommandée.

En somme, l’économiste monétaire Blanchard Ifele Bokungu rappelle que si l’intervention de la BCC a été un succès immédiat, la véritable clé de la stabilité réside dans la mise en œuvre de réformes structurelles qui renforcent l’économie congolaise de l’intérieur. Adopter des politiques budgétaires saines et diversifier les sources de revenus en devises sont des étapes indispensables pour un franc congolais solide et une économie prospère à long terme.
Jerry Lombo