

Dans un mémorandum poignant adressé aux plus hautes autorités politico-administratives, à la communauté internationale, nationale et locale, les étudiants Ituriens résidant à Kisangani, regroupés au sein de l’Association des Étudiants Ituriens à Kisangani (ASETIK), ont lancé un cri de détresse retentissant.
Leur message, empreint d’une profonde gravité, dénonce l’insécurité endémique qui frappe leur province natale, l’Ituri, et le silence assourdissant des instances censées garantir la paix et la sécurité.« Nous, étudiants Ituriens vivant à Kisangani, réunis au sein de l’ASETIK, prenons aujourd’hui la plume par devoir de conscience », déclarent-ils d’emblée.
Leur missive dépeint un tableau apocalyptique de l’Ituri, une province « en proie à une violence marquée par des massacres à répétition, des violences, des maisons incendiées, des déplacements massifs des paisibles populations presque dans tous les coins de la province et de l’impunité qui nourrit le désespoir ». Ils décrivent un quotidien « confronté à l’horreur, des écoles incendiées, des biens de populations civiles construits avec l’effort de toute une vie volés, détruits, profanés, des femmes violées, des cadavres mutilés, des enfants orphelins traumatisés tout cela sous les yeux d’un monde saturé d’images mais dépourvu d’action, pourtant que nos familles continuent de mourir d’une situation très alarmante dans la province de l’Ituri ».
Les étudiants Ituriens se positionnent en premières victimes de ce « théâtre tragique ». Ils expriment leur profonde consternation et leur révolte face à une situation où « dans quel coin de cette province faut-il aller vivre sans entendre ces canaux pleuvoir ? C’est vraiment révoltant ».
Cette violence généralisée engendre une « crise financière accrue dans la région mais aussi dans nos milieux académiques », forçant les jeunes à « fuir la province et sacrifier leur beau rêve, celui de contribuer au développement de la province et du pays ». Tragiquement, certains, « faute d’option, intègrent les groupes armés locaux », une conséquence désolante de l’absence de perspectives.
Malgré ce constat amer, les étudiants reconnaissent et saluent les « efforts du gouverneur militaire de l’Ituri pour la médiation de la paix », tout en déplorant le « non-respect des accords de paix signés avec les groupes armés locaux ».Face à cette réalité insoutenable, l’ASETIK dénonce fermement « le manque de volonté de ramener la paix durable dans notre province, la politisation des conflits intercommunautaires et l’exploitation des tensions ethniques à des fins électorales ». Ils condamnent avec la plus grande fermeté « les violences infligées à l’endroit des Ituriens par les groupes armés au mépris des instruments juridiques nationaux et internationaux ».
Le Mémorandum rappelle avec effroi les événements récents, notamment « le récent massacre occasionné par l’incursion des milices Codeco dans la localité de Lopa a arraché l’âme à beaucoup de personnes et à Komanda où plus de 50 personnes ont été sauvagement tuées en pleine prière dans une église catholique par les rebelles ADF ».
Face à cette escalade de barbarie et à l’absence de réaction adéquate, les étudiants Ituriens formulent des exigences claires et impérieuses : « la fin immédiate des massacres de la population, un processus incluant la paix, le retour des autorités de l’État à toutes les localités ». Leur appel est un appel à la conscience collective, un plaidoyer désespéré pour que la province de l’Ituri retrouve enfin la paix et la dignité qu’elle mérite.
Jerry Lombo